Le syndrome canalaire
"En gros, un syndrome canalaire se dit d'un nerf irritable dont le tunnel, comprimé ou tendu, est devenu une menace pour les neurones qu'il contient ; les neurones nociceptifs situés dans la paroi du nerf signalent un danger. Les causes peuvent être médicales, métaboliques, hormonales (par exemple, la grossesse, le diabète, le myxoedème) ou non médicales. Les syndromes canalaires qui ne sont pas liés à des causes médicales peuvent survenir à la suite de trop de mouvements, particulièrement des mouvements répétitifs, ou au contraire à la suite de trop peu de mouvements. Les neurones nociceptifs du nerf se plaignent, activent leurs voisins, créent ce qu'on appelle une inflammation stérile, une sensibilisation périphérique, à l'intérieur du nerf lui-même. L'IASP classe actuellement la névrite dans une catégorie distincte de douleur neuropathique. Il s'agit d'un type de douleur persistante que la thérapie manuelle pourra traiter avec succès." Diane Jacobs
La DNM se penche plus particulièrement sur le traitement des nerfs cutanés. Ces nerfs sont porteurs de toute l'information de surface du corps, qui se rend au SNC. L'information des mécanorécepteurs bien sûr, mais aussi de toutes ces fibres qui vont mesurer notre environnement externe, la température, la chimie de la peau, la nutrition, le pH, etc. Et ils ont pratiquement toujours été oubliés, ou pire, négligés. Je crois que cela vient du fait qu'on ne les voit pas : ils ne paraissent pas aussi importants que les muscles, que les fascias, ou autres structures parfois même imaginées. L'humain est ainsi fait, il doit voir pour croire.
Deux livres importants confirment que les syndromes canalaires ne sont pas réservés aux "gros" nerfs périphériques, mais que de petits nerfs pouvaient aussi en être atteints. Ces livres sont : Nerve Injury and Repair
de Göran Lundbord et Tunnel Syndromes de Marko M. Pećina.
Lors de mes stages, vous les apprendrez, vous les dessinerez et vous saurez comment les libérer d'une compression éventuelle.
La douleur
« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en réponse à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes » www sfetd-douleur.org/definition
"L’utilisation du mot « potentiel » dans cette définition nous suggère que la douleur n’est pas nécessairement liée à une lésion, mais plutôt à un « danger », et à l’opinion qu’a le cerveau de son propre corps. Lorsque nous expérimentons de la douleur, c’est à nous-mêmes que l’expérience sensorielle et émotionnelle est déplaisante. Notre cerveau prédictif ne s’en fait pas plus que ça de ce que nous expérimentons, même si c’est de la douleur ; il ne fait que son travail. C’est-à-dire qu’il filtre les informations afférentes, à chaque moment, qui proviennent de nombreuses sources. Il tient compte de toutes les expériences que nous avons vécues au cours de notre vie, du contexte présent et des informations afférentes actuelles pour décider quelle sera la réalité du moment. Notre moelle épinière ne s’en soucie pas du tout ; son travail est de nous protéger par un système de réflexes." Diane Jacobs
DNM traite essentiellement les douleurs neuropathiques. Elle ne s'implique pas dans les douleurs dont les causes sont médicales, comme par exemple les blessures de type coupure ou fracture, les douleurs profondes somatiques, les douleurs viscérales, et les douleurs suspectes d'origine inconnues.
La modulation descendante
"Dès son arrivée dans la corne postérieure de la moelle épinière, l'information nociceptive (signal de la douleur) qui provient des viscères, de la peau et d'autres organes est soumise à un traitement considérable par une variété de mécanismes, dont certains améliorent et d'autres inhibent son transfert vers les centres supérieurs. À cet égard, un réseau de voies descendantes allant des structures cérébrales à la corne postérieure joue un rôle complexe et crucial. Les voies centrifuges spécifiques suppriment (inhibition descendante) ou potentialisent (facilitation descendante) le passage des messages nociceptifs vers le cerveau."
Progress in Neurobiology 66 (2002) 355–474, Descending control of pain, Mark J. Millan
"La thérapie manuelle fait partie depuis longtemps des programmes de réadaptation physique, en particulier pour traiter ceux qui souffrent. Cependant, les mécanismes de la thérapie manuelle ne sont pas entièrement compris, et il a été suggéré que ses effets modulateurs de la douleur sont d'origine neurophysiologique et peuvent être médiés par le circuit modulateur descendant. L'objectif de cette revue est donc d'examiner la réponse neurophysiologique aux différents types de thérapie manuelle, afin de mieux comprendre les mécanismes neurophysiologiques qui sous-tendent les effets analgésiques de chaque thérapie. On a pu conclure que différentes formes de thérapie manuelle provoquent des effets analgésiques par différents mécanismes, et presque toutes les thérapies semblent être au moins partiellement médiées par une modulation descendante."
The Role of Descending Modulation in Manual Therapy and Its Analgesic Implications: A Narrative Review
Andrew D. Vigotsky1 and Ryan P. Bruhns2
Hindawi Publishing Corporation
Pain Research and Treatment
Volume 2015, Article ID 292805, 11 pages http://dx.doi.org/10.1155/2015/292805